jeudi 24 octobre 2013

la danse des canards

Calgary rayonnait aujourd'hui, de chaleur, à tout le moins : 26 degrés y a de quoi rayonner en ce 24 octobre.  Vite, enlevons les manteaux, retroussons  nos manches, promenons-nous au soleil en t-shirt, en t corps, joggons,  en fait faisons tout ce qu'on veut pourvu que ce soit au soleil..  Vite vite, parce que lundi on annonce de la neige.  Alors profitons-en. Quelques jours.   Faut dire aussi que la journée n'avait pas très bien commencé et que ca annoncait plutôt mal.
En me levant, pour la première fois depuis que j'y suis, j'ai vu Calgary ensevelie sous  la brume la plus complète. Et quand je dis complète, je ne badine pas.  Calgary, enfin perdue dans la brume me direz-vous.  Et oui. Voici ce que la ville avait l'air du balcon, vers 9 heures
Enfin ce qu'on peut distinguer de la  ville.  La voici à nouveau, mais cette fois-ci  vers l0 heures
Déjà on la reconnaît un peu plus:  la brume a dégagé la ville de ses voiles opaques. N'en restent  plus
 que quelques-uns au loin sur les montagnes
Ouf la journée sera  belle tel que prévu.  Chaude et ensoleillée.

Tout le monde se la dore.  Et il en va de même pour les canards.  Qui n'en finissaient plus de parader, de faire les beaux, de vivre leur  vraie vie de canard quoi.  Au vu et au su de tout le monde qui, comme moi, flânait sur les abords de la rivière Bowe.
En voici tout un beau spécimen (à la tête vert émeraude) du genre de canard qu'on ne met pas dans une assiette.
Et cet autre qui ,me regardant droit dans le yeux , m'a dit de rester bien  discrète car l'heure du bain et du lunch qui était en cours , devait se passer entre canards.
Et oui j'ai bien compris,  monsieur Canard,  je viens  juste prendre quelques photos très rapides  pour montrer aux autres qui sont des  non canards le  chic et  le  style que tu as, quand tu prends ta douche

 Bon le bain fini, les plumes bien propres c'est l'heure du lunch
le problème c'est qu'il faut aller le chercher ce lunch-là ,  là où il se trouve: dans le fonds de la rivière Bowe

Ca suffit l'heure de la retraite est arrivée.  Faut maintenant faire sa plus  importante  job  de  canard qui est celle de  déambuler  fièrement et élégamment devant tous ces voyeurs qui n'attendent que cela sur les rives de la rivière Bowe.
Et bien sûr tant qu'à parader, paradons en grande.  Et tant qu'à faire,  faisons corps avec les mouettes qui, elles aussi, ne  sont là que  pour se faire valoir.


Et puis glissons, glissons lentement,  lentement tellement lentement  que tout le monde aura  l'impression qu'on fonctionne  au ralenti et pourra ainsi bien nous voir. Comme cette vieille blonde là-bas qui s'ingénie à prendre des photos, parait-il,  pour son blog.   En tout cas, ca va nous faire toute une notoriété à nous les simples canards.
L'hiver s'en vient?  Ca fait des semaines qu'on en parle.   Qu'est-ce qu'ils ont encore à s'en faire pour  des choses  semblables, ces pauvres humains.  L'est pas encore là l'hiver que je sache, alors... nageons, nageons jusqu'à ce qu'il arrive et que la rivière soit gelée,  jusqu'à ce qu'on en perde notre souffle de canard.



dimanche 20 octobre 2013

la ville chinoise

Je n'ai aucune idée pourquoi Chinatown se traduit,  en francais, par quartier chinois.  Et pourquoi la  Fobidden city devient une cité et non pas une ville.  Et pourquoi Chinatown ne se traduit pas par  ville chinoise?  Toute cette sémantique me donne le tournis.  Dans le fonds ca n'a peut-être aucune importance, ce qu'il faut  c'est qu'on puisse les reconnaître.  Ce que j'ai visité aujourd'hui c'est le Chinatown et disons pour en remettre, la partie chinoise de la ville de Calgary, que je devrais appeler le quartier chinois. Qui est pas mal plus étendu que celui de Montréal mais qui, comme tous les quartiers chinois du monde, recèle  de belles découvertes asiatiques.
Bienvenue  au quartier chinois de Calgary
Ici, un petit chinois qui, visiblement, travaille à la chinoise, sur la construction du chemin de fer. Pour nous rappeler que beaucoup de chinois ont immigré au Canada à l'époque de sa construction..
Et puis à l'affût de  l'insolite,comme d'habitude, je me mets à la recherche dans les fonds de cours ou les ruelles  de choses intéressantes à vous montrer







où j'ai trouvé une forme d'art urbain  d'inspiration chinoise.
Et  cet autre art urbain , sur la rue, beaucoup plus visible pour tous les passants

Je sais, je suis d'accord que cette dernière pièce n'a rien de bien chinois, que c'est peut être juste une chinoiserie finalement pour égayer  le mûr d' une boutique  chinoise de lunetterie.
 
On trouve, cela va de soi,  dans le quartier ce qu'on trouve partout ailleurs, que le quartier soit chinois ou pas. Des restaurants et des magasins




des centres d'achat



 un Centre culturel


des églises qui n'ont rien de trop chinois comme origine, comme l 'église de la Pentecôte

Le quartier chinois c'est une enclave à odeur de cinq-épices au beau milieu de la ville moderne qu'est Calgary.

Un p tit vent chinois qui vous frôle le visage au passage et  qui,  pour un court instant ,vous donne l'impression  d'être ailleurs, de l'autre côté la boule terrestre.
Mais à bien y penser, pas  si loin et si tant  exotique que cela.  Et pour nous le  rappeler : une belle mariée asiatique d'automne qui se fait tirer le portrait affublée de sa grande robe blanche, aussi  blanche que toutes les autres robes  blanches des milliers de mariées d'Amérique.

La première neige n'est pas tombée sur le Chinatown.  Et les rues ne sont pas glissantes dans le Chinatown.  Elles sont belles et propres comme le sont toutes les rues de Calgary.  Et je n'ai pas vu de chat abandonné non plus, ni de chat  à manger.  Mais j'ai vu plein de fortune cookies qui flottaient comme des nuages au-dessus des rues de la ville chinoise.

lundi 14 octobre 2013

journée du merci

Have a good thanks giving day!  Voilà ce qu'on entendait à Calgary depuis quelques jours.  Parce qu'ici, à Calgary, le thanks giving day c' est une fête importante,  que l'on célèbre en famille, autour d'une dinde et de canneberges. Cela n'étant définitivement pas une tradition très québécoise,  nous avons donc décidé de passer  la journée dans la nature, histoire de nous rapprocher  de nos racines terriennes et de remercier, à notre facon, l'univers d'être bien vivants en ce 14 octobre 2013.
Nous nous sommes rendus,  tout près, là où le soleil se faisait doux et caressant. Là où il s'amusait  à qui mieux mieux à faire des ombres, là où il taquinait gentiment des ses chauds rayons les arbres de plus en plus dénudés.


Traverser la rivière représente, par bout,  un défi insurmontable, certains ponts  plus fragiles ayant été emportés par les eaux des dernières inondations. Ce dont les canards ne se préoccupaient guère, je vous l'avoue,  trop occupés à folâtrer joyeusement dans l'eau froide de la rivière.
D'autres ponts, aux reins  pas mal plus solides,  ont traversé sans peine la dure épreuve de l'inondation pour le plus grand plaisir des randonneurs et des cyclistes.



Et toutes ces   ombres  que le soleil s'amusait à  projeter un peu partout comme pour revêtir le paysage d'un air  un tantinet mystérieux et ma foi, peut-être aussi un  peu tristounet.

se jouant aussi, à mes dépens, de mon ombre.

Sur la route, deux roses posées  bien droites sur un banc offert  par un époux éploré , à la mémoire d'une douce  épouse super  bien-aimée. Un des  derniers époux ou amants romantiques de notre temps.  A bien y penser, peut-être le dernier encore vivant, du moins je l'espère.


 Gravés dans le métal, ces mots touchants:
                 L'aimer fut la chose la plus facile de toutes celles que j'aurai à faire

Bien chanceuse Judy.
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mercredi 9 octobre 2013

l'eau des montagnes

Les eaux qui coulent des montagnes porteuses de glaces ne se ressemblent pas toutes.
L'eau du Gange qui provient  des glaces de l'Himalaya, par exemple,   n'a absolument rien à voir avec celle que l'on retrouve au pied  des rocheuses.   L'eau des glaces de l'Himalaya  perd progressivement ,tout au long de son  long parcours géographique , sa belle fraîcheur d'eau vierge, si l'on peut dire.
Quand elle  finit  par atteindre la  terre indienne,   au moment où  justement elle prend le nom de Gange,  elle est déjà , la pauvre,  pas mal  usée.  La peau  plutôt brunâtre, le corps alourdie des   débris et des  saletés que toutes les usines  lui ont versés sur son chemin,  elle a la fraîcheur pas mal  maganée.  Lorsque, vénérée telle une déesse, elle se faufile à l'intérieur des grandes  villes,     sa situation se détériore lamentablement:  plus la moindre  trace de ses origines glacières:  elle traîne péniblement dans ses eaux,  cendres, os,   cadavres et toute autre chose incongrue  qu'on lui aura jetés.  S'il lui reste  quelque chose de sacré ce n'est certainement son eau qui, suite à son passage en zone humaine, est devenue sacrément polluée.

Lorsque l'eau provenant des glaciers des rocheuses arrive au terme de sa descente montagneuse,  elle se love rapidement  au coeur du premier lac qui lui ouvre les bras.  Et qui  la protègera.
 D'où la glaciale mais fascinante beauté des lacs qui dorment paisiblement  ca et là  au pied des montagnes,  On parle  beaucoup du fameux Lac Louise.  Mais il y en a tant d'autres, dont le Lac Moraine.
Le lac Moraine avec son eau si claire, si bleue,  si rafraichissante qu'on a presque envie de s'y jeter et de s'y perdre un court instant.  Un peu froide  l'eau de glace, c'est sûr, pour les pauvres bipèdes humains que nous sommes,  mais jamais trop froide pour les chiens qui, d'instinct et pour le plaisir, y plongent  corps et  âme (s'ils en ont une) n'ayant rien  à cirer de l'opinion de ceux qui les regardent.
Miroir, beau miroir  Moraine aux yeux si profondément bleus qu'on a l'impression d'y voir l'infini,  dis-moi qui est la plus belle?  c'est moi  le plus beau ,ma belle,  ne trouves-tu pas?

Je suis un peu froid d'approche, j'en conviens, mais cela me vient des mes origines de glace et quoiqu'il en soit,  cela me donne  un air angéliquement crystalin qui me sied fort bien.
Dis-moi, toi la visiteuse,  si dans tes voyages à travers le monde, tu as déjà vu pareille beauté d'eau que la mienne?

 Nombre de gens sont venus de partout me présenter leurs hommages.  Nombre de gens ont foulé mes rives et tous, sans exception, en sont repartis  complètement envoutés par mon charme.  Les rives qui me bordent  sont devenues un sanctuaire où l'on vient se recueillir et se ressourcer. Un sanctuaire où mes loyaux amis ,les arbres, déploient  librement leurs longues racines.

Un sanctuaires où même décédés, ces arbres continuent de faire  belle figure en parant mes rives d'oeuvres naturelles d'art.

 
  Mes eaux sont un miroir non pas aux alouettes, mais un miroir du temps,  où,  si l'on regarde bien et que l'on est suffisamment   patient, on y voit tout ce temps  qui s'est écoulé entre le moment de ma naissance glacière jusqu'à celui de mon arrivée,ici,  au lac Moraine.
Pendant  tout ce temps, certains  randonneurs plus  créatifs que d'autres ont laissé un peu partout , sur mes rives, des signes de leur passage.
D'autres, un plus téméraires, ont  plutôt choisi de suivre  la route qui mène   aux glaciers espérant y  trouver ma source ou celle de Jouvence, qu'ils n'ont jamais trouvé  comme les milliers de randonneurs avant eux. Ou ont espéré dans leur grand enthousiasme,  atteindre les hautes cimes et toucher aux  nuages comme le font si aisément les montagnes.
D'autres randonneurs enfin, comme toi, ont tout simplement choisi de rebrousser  chemin, à mi-chemin,  et de retourner  là d'où ils venaient. Et d'emporter dans leur sac à souvenirs des images de mon attachante beauté avec l'espoir de partager avec beaucoup d'autres leur belle découverte. Sachant très bien, cependant,  que la véritable  beauté, toute étrange ou magnifique soit-elle , ne se voit  vraiment bien qu'avec les yeux du coeur, comme le disait notre jeune ami le Petit Prince qui malheureusement  a pris de l'âge lui aussi.  J'ai d'ailleurs cru l'apercevoir assis, courbé et  songeur, sur une roche près du  Lac Moraine.  Il m'a semblé bien fatigué.  N'était pas sur la bonne planète.