vendredi 28 février 2014

Pendant que

Pendant que vous lisez ce blogue, il se passe partout à travers le monde des choses, toute sorte de choses.  Peut-être des miracles.... Qui aurait crû,  par exemple qu'aujourd'hui, précisément aujourd'hui, je me rendrais à Fatima, là  où il semble que la vierge ait, un jour, apparue. 
Commençons  par le commencement comme dirait cet autre qui ne s'est pas encore montré la face.

Cette dernière journée de février 2014  a  démarré à Obidos, un petit village médiéval qui, à certains égards, possède un air de  la Toscane et de la Provence.

A l'entrée du village, une vieille femme,  pas une miette dérangée par les étrangers qui entrent et qui sortent sous son nez,  se concentre attentivement sur sa  broderie.  Brode, brode..ma p'tite vieille, il en sortira, j'en suis certaine,  une  bien belle nappe  ou un bien beau mouchoir.

Visite brève ,mais combien charmante,  du village. Jusqu'aux ruines du château. 




Voici le bar du village,  l'église et quelques autres découvertes  faites au hasard des sentières (à défaut d'y voir de  véritables  rues ou de véritables sentiers, appelons-les  des sentières)






La petite église du village





Il y a  Obidas , dont vous venez d'avoir un très léger aperçu,   mais  il y  aussi Nazareth , un petit port de pêches.  Je n'y ai pas vu de pêcheurs mais   j'ai vu quelques-unes de leurs femmes qui faisaient commerce sur la place centrale.  Pour l'anecdote,  à Nazareth, une femme qui  a le malheur de perdre son mari  pêcheur en mer  devient une veuve  qui doit, double malheur, porter le noir jusqu'à son propre décès. Les femmes de Nazareth (ben oui, comme le nom de la ville de Jésus) portent un costume bien particulier qui les distingue des femmes des autres villages et fait leur grande fierté. Qui comporte, notamment, une jupe  et des jupons  brodés et colorés.  Elles ont un jupe différente  pour chaque jour de la semaine.



Évidemment pas de village sans, au moins, une église , voici celle de Nazareth et son musée


 Petit arrêt au Monastère de Batalha

drapé  ostentasoirement de son enveloppe architecturale gothique.
Vous voilà maintenant  tout fin prêts pour que je vous plante  le clou de la journée: Fatima, la béate, Fatima, l'illuminée.

Pour les incultes religieux , malheureusement de plus en plus nombreux , qui ne connaissent pas la petite histoire du miracle de Fatima, laissez-moi  vous la résumer en deux coups d'encensoir..
Avant ce miraculeux évènement, Fatima n'était  qu'un  petit village de rien du tout, pauvre, perdu quelque part sur la map, au Portugal.  Le village s'est radicalement et promptement  transsubstantiationné en village sanctifié connu de tous les  croyants de ce monde.  Le pape lui-même , en personne,  y a effectué deux visites. Le nom de Fatima  résonne, depuis,  à travers toute la communauté mondiale chrétienne.
Tout cette histoire a commencé  le l3 mai l917.  Trois enfants de bergers,âgés respectivement de  l0 , 9 et 7 ans (- Lucia, Francesco et Jacintha) s'en allaient  petit petant, non pas en chantant comme ou en criant comme tous les enfants de leurs âges,  mais  en priant comme le bon enfant  Fatimien doit le faire.   Un peu las tout de même de prier, ils décidèrent donc de faire un peu de délinquance et  de s'arrêter pour jouer avec des des roches.  Après quelques minutes de ce jeu païen, oh surprise,  une lumière  scintillante et flashante  se mit à jaillir du tas de roches ,  suivie presqu' aussitôt d' une lumière , cette fois-ci, de forme humaine: celle de la vierge Marie qui avait décidé, allez savoir pourquoi,  de passer , ce jour-là, dans le coin de Fatima.   Elle annonça  aux enfants, l'air de rien mais un peu tout de même avec un air de madone consacrée, qu'ils devaient revenir le 13 des 5  prochains mois en ce même endroit et qu'au terme de ces 5 rendez-vous, elle  leur confierait trois  importants secrets.  A certaines conditions, il va de soi,  puisque dans la vie, on  a rien pour rien:   que  le monde prie davantage et beaucoup pour ceux qui ne prient pas (comme moi) et qu'on lui construise une chapelle là  où elle venait d'apparaître.  Je vous passe l'entre un et  cinq mois.  A la fin,  elle leur confia ses prédictions l.  Que le pape serait assassiné,  2-qu'une guerre plus terrible que la ler grande guerre  mondiale  était en préparation 3 - que le mûr de Berlin prendrait le bord.

Reconnaissant d'être devenu le dépositaire de si lourds secrets qui lui amenèrent  subitement notoriété, publicité et surtout richesse,  le village de  Fatima fit, conformément à la demande de la Vierge, construire une chapelle à l'endroit où les enfants avaient fait leur célèbre tas de roches.  Puis,  y ajouta ,plus tard ,une cathédrale et  plus récemment,  une  église des plus moderne  qui peut recevoir près de 9.000 pèlerins.
Voici la cathédrale avec son immense place  (plus grande que celle de St-Pierre de Rome) pour l'instant complètement vide de pèlerins à cause de la saison.



La nouvelle église  moderne,  ses 4 chapelles  et ses confessionnaux électroniques. A un prêtre qui me suggérait de me joindre aux pécheurs pour procéder à mon examen de conscience avant de me confesser, j'ai répondu, j'ai donné monsieur du côté conscience et je n'ai plus besoin de me confesser ne sachant plus très bien ce qu'est un péché.

En plein air, à cause de l'odeur dégueulasse de cire qui se dégage,  le  hall des lampions.
Toujours soucieux de votre bonheur,  nous avons, ici encore, allumé un lampion pour vous, juste pour vous.  Vous avez donc, depuis quelques heures,  un nouveau lampion qui brûle pour vous (dans le sens d'un lampion) à  Fatima au pied de la statue de la vierge.




Pour clore mon propos des plus lumineux d'aujourd'hui  et qui, je l'espère,vous aura apporté un  peu de réconfort, sinon un peu de distraction , je vous propose d'essayer de clarifier pour nous quelle peut bien être l'utilité de ces figurines de cire.  Au pays de l'imagination, la vôtre vaut bien la mienne.





Nous extirpant de cette bulle archi-sainte, nous avons déambulé un peu dans Fatima  histoire de voir si, outre l'immense sanctuaire et ses annexes, il y avait autre chose.  Nenni.  Le petit village de rien du tout est devenu un petit village plein d'hôtels à touristes  et de magasins d'articles religieux.  Non pas un village de vendeurs du temple mais un village de vendeurs de sainteté.





Un peu d'air de la  campagne portugaise pour effacer  un peu  cet excès de religiosité et  nous  ramener tout bonnement  et tout simplement à la vie  gentiment ordinaire.


Pendant que sur la plage, à Nazareth,  les vagues s'échouent et se retirent et que, sur la mer,  les pêcheurs pêchent.  Pendant que les pèlerins pèlerinent à qui mieux mieux à Fatima, un cierge se consume tranquillement,  pour vous , justement à Fatima.  Et pendant que vous lisez ce blog,  moi  je dors et je rêve miraculeusement et béatement aux anges

jeudi 27 février 2014

Lisbonne sous la pluie

Il pleuvait sans cesse sur Lisbonne aujourd'hui. J'exagère comme toujours:  il pleuvait sur Lisbonne aujourd'hui mais comme  il pleutasse, des fois,  à Montréal et qu'il crachetine des fois à Paris.  Vous comprenez ce que je veux dire: une pluie de  bruine faite de minces gouttelettes qui ne mouillent pas vraiment.  Mais qui asperge tout.  Qui vous  fait demander si  c'est nécessaire d'apporter un parapluie ou non.   Il pleutassait donc sur Lisbonne aujourd'hui quand nous sommes montés dans le tram pour nous rendre à Belém.  Espérant y trouver la fameuse pâtisserie  qui, dit-on,  fabrique les meilleures pastéis de nata qui existe. A en   mourir de gourmandise.  N'ayant ni  adresse,  ni   information pouvant  nous rendre l'opération plus  facile, nous nous sommes  donc adressés au premier portugais de passage qui , comme tous les portugais  sur notre passage ,  comprenait l' anglais et se fit un plaisir de nous aider:  where is the pastry shop with the blue front?.  Sans rien demander de  plus et  surtout sans sourciller  d'un poil, le voilà qu'il nous indique aussitôt le chemin à suivre.  C'était donc  bien vrai:  non seulement elle existe mais elle a réputation non pas sur rue, mais sur monde cette fameuse pâtisserie..  Son vrai nom?  Antiga confeitaria de Belém. Nous l'avons reconnue de loin,  nous qui, pourtant,  ne la connaissions pas du tout:  non pas à sa devanture bleue,   mais à la file de clients qui attendaient sur le trottoir.



Nous voilà devant non pas  une petite pâtisserie artisanale mais  devant un vaste emplacement artisanal comportant plusieurs salles pouvant recevoir  jusqu'à 500 personnes.  Où on cuisine  15,000 pastéis par jour.  Une véritable chaîne de production. Et les natas à partir d'une recette au secret bien gardé par les  religieuses  qui l'ont inventée en l837.  La pasteis de nata est , en fait, une petite tartelette de pâte feuilletée que l'on remplit de crème aux oeufs.  La voici dans toute sa beauté  antigane.



Un vrai péché mortel, mortel parce qu'une fois goûtée, on ne peut plus s'en passer.

Une petite parenthèse,  pour vous faire visiter  les toilettes d'Antiga


Parlant de péché, voici un tout  autre lieu   qui , dès l'an 1501, mettait  les moines qui y habitaient  à l'abri de toutes ces tentations qui nous  nous assaillent nous, les pauvres non moines que nous sommes.
Le Mosteiro de Jereminos.   Qui a été porté  à l'autel des héritages mondiaux par l'Unesco .  Le monastère était, jadis, occupé par les moines de l'ordre de St-Jérome avec lequel vous êtes déjà très familiers,  j'en suis certaine.  Les moines s'occupaient dans ce beau palais moinial, non  pas à prier pour les péchés du monde mais plutôt à conforter les marins et à prier pour l'âme du roi (....)...qui, je suppose,  en avait encore plus besoin que le reste de l'univers, surtout qu'il avait payé la construction du monastère. 





Les fidèles devant donc se contenter, eux,  pour sauver leur âme  de confesser leurs misérables péchés s'ils voulaient être pardonnés.








Un lieu qui , définitivement et indiscutablement porte  à la méditation et à la paix de l'âme.

C'est donc imprégnés d'une grande sérénité que  nous nous sommes arrêtés , un peu pour méditer  sur le sens des choses , mais surtout pour nous reposer, au parc Imperio situé en face du monastère.






 
 La pluie plutassant ou crachetant  encore ,  nous avons pris le chemin du retour puis bifurqué vers Alfama, le quartier du Fado. Lentement et surtout prudemment nous avons flâné dans les rues tortueuses, étroites, ondulantes et mal entretenues du quartier.












Gravissant péniblement  mais sûrement le chemin de la colline, nous sommes arrivés à la cathédrale de  Se  construite en 1150.  Un icône de style gothique qui frappe surtout  par son grand dépouillement  quand on la compare aux autres cathédrales de Lisbonne.

N'ayez crainte, nous n'avons pas oublié d'allumer un lampion à votre intention qui, depuis, prie pour vous en dégoulinant  humblement devant la vierge Marie éplorée.


Alfama et ses rues déguinglandées,  ses  boutiques, ses nombreux  petits cafés où se produisent  en soirée les chanteurs et chanteuses de Fado que nous irons entendre  dans quelques jours.

Nouvelle pour les amateurs (en plus grand nombre)  et amatrices (en plus petit nombre): c'était  jour de  match de soccer  aujourd'hui.  L'équipe grecque affrontait  l'équipe portugaise.  Tout l'après-midi, les  partisans des équipes se réchauffaient à plein verre en prévision du match qui avait lieu en soirée. Cris et rassemblement  des partisans de l'équipe grecque sur la place du commerce.   La partisanerie n'est pas que politique, elle est aussi sportive.


En soirée, dans les restos, les cafés les hommes avaient les yeux rivés sur les écrans.  Certains s'arrêtaient devant les vitrines pour essayer d'apercevoir le déroulement du match.
Le soccer c'est plus que le soccer, c'est une passion.  Et la passion, vous le savez aussi bien que moi,  entraîne toujours de la démesure. Donnez-leurs des natas et du soccer et laissez-les rêver... et chanter à plein poumons sur la place du commerce.

C'est maintenant  le temps de partir pour le pays des rêves  ( sans soccer).

Bom porrtugês sonhos