Six copines, avec le ras-de-bol, qui ont décidé de faire table rase de leur vie: de recommencer à zéro pour essayer de la réinventer, d'en faire quelque chose d'autre. On convient alors de tout laisser derrière: le job, le copain, l'apart....l'argent, le compte en banque et même le cellulaire avec son carnet d'adresse et ses photos.
C'est, chargée de son passé et de son lot de problèmes (anorexie, désabusement, suicide, grossesse, amour quasi incestueux, maladie), que chacune s'amène dans le chalet pour faire un tour de piste entre filles et avec celle qui, prise d'un cancer incurable, va se faire donner la mort
Ça a l'air vachement triste présenté de cette manière et la pièce l'est un peu, parfois, sans toutefois l'être totalement. On en sort , ou plutôt on sort de ce chalet, en ayant l'impression d'y être entré sans avoir été invité et de s'être, subrepticement, infiltré dans l'intimité de ces 6 femmes. A la fois décontenancé et surpris par leur langage dur, cru et sans détour, à la fois ému par leur impudique mise-à-nue et leur attachante solidarité.
Parce qu'on y parle abondamment de sexe dans ce chalet, sans aucun bémol, sans cran d'arrêt; on y parle franchement, non seulement de ses fantasmes, de ses expériences de cul, mais aussi de ses peurs et de ses hantises.... de la mort... de tout et de n'importe quoi. Tout cela autour d'une table chargée de bouffe et d'alcool. On danse, on se dévêt, on pleure, on crie on se crache des vacheries, des vérités , on parle de ses peurs sans craindre d'altérer une amitié... de toute évidence, indéfectible: une amitié qui autorise toutes les exagérations et tous les aveux. Une amitié qui les rend toutes, malgré leur peine et leur misère, solidaires du choix de l'une d'entre elle de mettre fin à sa vie.
Table rase n'est assurément pas une pièce pour les cœurs sensibles.
On entre dans la pièce avec désinvolture mais on en ressort en se disant qu'il y avait, sous cette effervescence et ce déluge de sentiments, de mots, de cris et de jurons, de grandes vérités et de profondes réflexions sur la sexualité, l'amour, la vie, la mort , l'amitié. Et que tout cela s'est passé entre elles pendant que nous , les spectateurs, assistions passivement à leurs déchirantes mises- à nue. Comme dans un souper de famille lorsque, sous l'effet trop fort de l'alcool , sont dévoilés de manière directe et sans artifice, parfois même brutalement, des secrets de familles que tout le monde gardait depuis toujours cachés.
Une pièce dérangeante écrite par Catherine Chabot avec le collectif Chienne, choquante à certains égards et émouvante à d'autres, mais qui, c'est certain, ne laisse pas indifférent.
Merci Harfang pour ce compte-rendu qui donne envie d'aller faire un tour dans ce chalet.
RépondreSupprimerDanielle
15 h 50 - 3/13/2015 - Justement ce que j'étais en train de préparer pour 2016 en me souhaitant tout le succès possible.
RépondreSupprimerMimi