voyage autour de mon balcon

C'est voyager dans le monde  des choses simples comme bonjour .

ou avec les murmures de la ville qui, en ce beau dimanche,   se faufilaient doucement  entre les banches des arbres, serpentaient langoureusement  le  long des rues ou  glissaient  tout bonnement sur les toits surchauffés..Tous ces bruits qui , quotidiennement, traînent leur lot de sons cacophoniques comme d'autres traînent leur peau.

 Dans l'air suffocant et  lourdement pollué du  centre-ville, les bruits dont certains étaient ,pour quelques jours,   en vacances,   s'harmonisaient de manière surprenante dans une sorte de brouhaha compact,   parfaitement en équilibre. Déchiré de temps en temps  par le cri  strident et douloureux d'une ambulance..

Fermant les yeux pour mieux respirer,  j'ai  curieusement entendu une douce musique  qui longeait la paroi  de brique transportant  les  légers trémolos d'une voix qui ondulait  harmonieusement dans l'air et sur le mûr d'à côté qui  en rougissait de plaisir.

C'est cela aussi la ville , me dis-je, ces  petits riens qui  surprennent, rassurent et qui pendant un court instant, en arrivent à  apaiser les âmes tourmentées.  La voix mélodieuse  s'est quelques minutes  accrochée à la  fenêtre de mon balcon, le temps que je la découvre, le temps que je l'entende. Ce  temps qu'il a fallu  pour qu'elle s'infiltre à l'intérieur de  mon kimono de coton bleu  et blanc et effleure  du bout de son aile mon coeur endormi. 

Il en fut ainsi aujourd'hui, précisément à cette heure là,  sur le balcon de mon petit condo.  Un instant, un trop court instant,  une ange m'a rendu  visite et  m'a conquise. Pour  ce même  instant, je devins ce chat qui   paresseusement se prélasse et se vautre sous la chaleur du  soleil de midi et qui, les yeux mi clos, feint sans méprendre  personne, de ne rien voir et de ne rien entendre, mais qui chattement  voit et entend  tout, ne pouvant s'empêcher d'être aux aguets de ce qui se passe dans la vie  d'un dimanche d'été ,simple comme bonjour, mais qui soudainement ne l'était plus.