vendredi 1 août 2025

l'après Foglia

 


On dit souvent, en souriant,  que mourir c'est  partir un peu  : c'est , à mon  humble avis, indéniablement partir beaucoup , sinon définitivement. Particulièrement lorsqu'on s'appelle  Pierre Foglia et qu'on laisse derrière soi des chroniques qui ont marqué des générations de québécois.  Des chroniques qui racontaient  la vie  de tous les jours ,  la vie ordinaire,  sous un angle dont lui seul possédait   l'art et la plume.  Foglia nous faisait sourire parfois, nous attendrissait  d'autres fois , nous froissait aussi quelquefois ,  levant le voile sur  un coin  de l'existence qui,  n'eût été son  grand talent,  serait resté dans notre angle mort.   D'une sensibilité mal camoufflée, il nous renvoyait à des réalités de tous les jours,  parfois avec  tendresse, parfois avec un humour aiguisé comme une lame de  couteau... Foglia nous rappelait , à sa manière,  l'essentiel des petites choses, des gens et de la réalité.

Il regardait ou plutôt, il  observait les  choses ,  le monde selon l'humeur qui l'habitait au moment où il écrivait.  Mais jamais avec condescendance.  Parfois avec  un regard froid et accusateur  qui cachait  mal sa sensiblité de moumoune  ou ses peurs volontairement refoulées.

Que ce soit sa tendresse pour ses chats, ses taquineries pour sa fianceé , sa description de la performance, de la  faiblesse ou de la honte humaine, Foglia ne ménageait ni ses mots, ni son  affection, ni ses critiques.  

Je me souviens des échanges que nous avions  le matin au travail,  entre  collègues, sur la dernière chronique que tout le monde avait religieusement  lue. Parce que Foglia avait cet art incroyable d'entrer à l'aide de sa plume, dans la  vie des gens .  Le as tu lu Foglia ce matin était devenu un rituel....et, sur les visages , des  sourires en coin,  attendris ou surpris, c'était selon.   Mais jamais d'indifférence. Car Foglia  avait le don étrange de  partager, comme entre amis,   ses inquiétudes, ses constats, ses réflexions sur le monde . On  aurait pu croire  q'il était  assis  à notre table, en train de boire son café du matin. Il avait l'art invraisemblable de s'infilter tout en douceur  dans votre quotidien.

Si on  dit que partir c'est mourir un peu.  Voir partir Foglia c'est aussi mourir un peu à une certaine sensiblité de l'écriture,  de l'émotion bien décrite et bien transmise.

Il n'y aura pas d'après Foglia car il restera le seul en son genre.  Il n'y aura pas d'après Foglia car il aura été  le seul qui pouvait nous faire si affectueusement sourire et réfléchir. Il n'y aura pas d'après Foglia,  mais il y aura le souvenir tenace d'un  Foglia qui nous a beaucoup distrait, beaucoup  apporté  et qui  a laissé chez les gens de ma génération le souvenir d'un lointain ami  qui nous manquait beaucoup depuis son départ de la presse et qui nous manquera  encore davantage avec  son décès.

                                            Il y a eu Foglia et  il n'y aura pas d'après Foglia.



è

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