Cest lors du lancement du livre de Marjolaine Bouchard que j'ai appris l'existence, au début du siècle dernier , des allumetières. Le mot en soi, déjà fort joli, a attiré mon attention qui s'est tournée vers une page de notre histoire qui a commencé à s'écrire en1854
au moment de l'arrivée dans la région de l'Outaouais d' Ezna Butler Eddy, un entrepreneur né en 1829 au Vermont,qui y fit construire, en l851, sa première usine de pâte et papier.
Rapidement, il décida de diversifier sa production et se mit à fabriquer des seaux de bois, des planches à couper, des épingles à linge et des allumettes.. Eddy avait donc autour de lui toute la matière première (forêts, mines) dont il avait besoin pour se lancer dans la fabrication massive des allumettes. Entre l854 et l928 année fermeture de l'usine, il employa jusqu'à 1,000 jeunes femmes qu'on appela les allumetières. L'usine d' Eddy qui contrôlait le marché des allumettes dans toute l'empire britannique, pouvait produire jusqu'à l0 caisses de boîtes d'allumettes par jour , soit 30 millions d'allumettes.
Payées au salaire annuel de 150$ ( à cette période , un journalier gagnait entre .15 à .20 sous par jour soit 73.00 par année, un employé de ferme ,nourri logé , $12.00 par année) qui était relativement confortable pour l'époque, les jeunes femmes devaient travailler l0 heures par jour sans congés, ni vacances...
Leur emploi , qui faisait vivre une grande partie de la population pauvre de Hul, n'était , cependant, pas de tout repos et pas du tout sécuritaire. Les allumetières devaient avoir à leur côté un seau rempli d'eau pour pouvoir rapidement éteindre les éventuels débuts d'incendie (qui pouvaient se produire jusqu'à 20 fois par jour), incendies qui étaient provoquées par la manipulation du phosphore blanc, un produit très volatile dont était enduit le bout des petites tiges de bois. L'exposition permanente au phosphore présentait un risque majeur pour la santé des ouvrières qui pouvaient développer une nécrose maxillaire, une maldie qui entraînait une décomposition de la machoire, et la perte des dents. Vu sa dangerosité, l'utilisation du phosphore blanc a, d'ailleurs, été mondialement interdite en 1913..
En 1919 les allumetières qui étaient, par ailleurs, pas mal allumées, se regroupèrent pour faire la grève (le ler conflit ouvrier au Québec) et obtinrent de meilleurs conditions d'emploi..... En l928, l'usine fermait ses portes.
Vers l845, le phosphore blanc dans la fabrication des allumettes -fut remplacé par le peroxyde de plomb. Les choses évoluant ,même dans le domaine des allumettes, en l948 le fraçais F.H.. Pingeo inventa le ler briquet à gaz, remplacé en 1970, par le briquet jetable Bic
Je rappelle que la petite fille aux allumettes du célèbre conte d' Hans Anderson..,écrit en l845, utilisait des batons de souffre pour s'éclairer avant de mourir, supposément de froid, la veille du jour de l'An.
Alors, en allumant vos bougies la veille du prochain jour de l'an, une petite pensée pour les allumetières qui ont travaillé dur et payé de leur santé pour faire jaillir des étincelles de feu à travers le monde.
18 h 55 - 13-12-2022 - Cela me fait penser aux femmes qui fabriquaient des munitions et temps de guerre.
RépondreSupprimerMimi